Quand on veut on peut

Septembre 2021

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Dans un monde où l'on vous dit 'vous pouvez tout faire', la réussite induit une satisfaction énorme et un auto-empowerment démesuré. J'ai choisi, j'ai réussi, je me suis fait seul et je dois ma réussite à mes capacités. Que penser d'un échec ?

J'ai choisi, j'ai échoué, je suis tombé seul et je dois mon échec à mon incompétence.

'vous pouvez tout faire'. Où sont-iels, celleux qui peuvent mais ne souhaitent rien ? Où se situent-iels dans cette roue infernale du capitalisme et de la méritocratie, les camarades qui ne souhaitent pas se soumettre à l'idée que le pouvoir induit le devoir ?

Car ne nous leurrons pas. Si la société dit aujourd'hui, tu peux, c'est bien tu dois qu'on sent, métallique et fétide, arriver à nos oreilles, à nos nez. Un nauséabond tu dois embaumé d'un parfum fleuri d'élévation personnelle. Une merde recouverte de paillettes.

Les gens sont plus rentables s'iels pensent qu'iels le font pour eux. Adieu les journées à l'usine où l'esclavagisme est trop facilement perceptible, où la soumission d'un individu face à un autre est si frappante qu'aucune personne ne voudrait s'y engouffrer, qu'aucun travailleur n'y trouverai son compte. Compte qu'il a vide de toute façon. Bonjour les start up de jeunes dynamiques, qui sont partis de rien, qui pensent avoir connu la galère dans leur garage pour finir sur un trône siliconé, prônant le travail personnel, la détermination. ' of course you can mate, you know, it all came from a simple idea' .

Et puisque l'on peut, pourquoi ne pas le faire. Pourquoi pas moi ?

Mon idée d'auto-cuiseur connecté à l'alarme à incendie ? Décent.

Mes pantoufles robot auto chauffantes qui vont chercher le journal tous les jours et m'attendent quand je rentre ? Super. Elles pourraient même me le lire, le journal. Ma pantoufle gauche me lirait la une du figaro, la droite répondrait en livrant en extra des extraits des chroniqueurs/experts/politiciens/scientifiques/sociologues/chroniquologue/expertologue/politologue/scientifiquologue de Cnews. Avec ça, je révolutionnerai le marché du textile pedestre, c'est sûr.

On dit pédieux ? Podal ? Piedant ? Peu importe. Les gens seront conquis par mon business model imparable et mon charisme inébranlable.

Mon application qui montre des belles courbes et les relations entre mon rythme cardiaque, mon alimentation, mon heure de réveil et de coucher, ma libido ma dopamine et mes ampoules aux pieds ? Il faut juste la travailler un peu.

Ah, les belles courbes. Ça, c'est l'avenir.

Je suis prêt a me soumettre au capitalisme si le capitalisme me parle poliment. Qu'importe qu'il cache derrière son dos et sa posture de 'good pal' une, deux ou milles matraques, qu'importe qu'il porte toujours aux pieds ses newrock piquantes prêtes à détruire les individus qui n'iront pas dans son sens. Il me dit que j'ai le choix, alors je le crois. Et je suis heureux.