Faut pas t'en faire

Septembre 2014

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Maël demande un jour à sa mère épuisée

Maman pourquoi tu pleures alors que c'est l'été ?

Sa mère le regarde, en est presque attendrie

Oublie une seconde beaucoup de ses soucis

Faut pas t'en faire dit-elle

Va jouer dehors Maël

Et quand tu reviendras

Je serais là pour toi

Alors l'enfant sourit, s’enfuit sur son vélo

Embrasse les joues trempées de sa mère en sanglots

Puis sans se retourner, pédale vers le parc

Où l'attendent sans doute Constance, Paul ou Marc.

Faut pas t'en faire dit-elle

Va jouer dehors Maël

Et quand tu reviendras

Je serais là pour toi

Ces mots résonnent encore dans son cœur éploré

Pourquoi a-t-elle dit ça, elle ne peut y arriver

Des larmes coulent toujours et tombent dans son vin

Tandis qu'elle se dirige vers la salle de bain

Maël y pense aussi à ces mots mystérieux

Pourquoi a t-elle dit ça, c'est quand même curieux

Et ses pleurs cette fois ils ont duré longtemps

j'crois qu'ma mère est cassée se dit alors l'enfant

Faut pas t'en faire dit-elle

Va jouer dehors Maël

Et quand tu reviendras

Je serais là pour toi

La pauvre entend ces mots lui déchirer la peau

Tandis qu'elle cherche partout rasoir ou bien couteau

L'enfant lui a très peur, il croit qu'il a compris

Il pédale comme un fou, il veut rentrer chez lui

Elle murmure dans son bain des sons presque inaudibles

Lui hurle dans la rue, pense à des choses terribles

Elle pense fort à son fils, elle est bien désolée

Mais pour elle c'est fini, elle ne peut plus lutter

Faut pas t'en faire dit-elle

Va jouer dehors Maël

Et quand tu reviendras

Je serais là pour toi

L'enfant se souviendra de ce beau jour d'été

De sa pauvre maman, du bain ensanglanté

De la lettre laissée au bord de la baignoire

Qui disait, en trois mots «j’espère te revoir»

Faut pas t'en faire dit-elle

Va jouer dehors Maël

Et quand tu reviendras

Je serais là pour toi

Maël ne comprend plus, il est terrorisé

Il s'allonge dans le sang de sa mère suicidée

Je fais quoi maintenant, je n'suis qu'un orphelin

Les jours de ceux que j'aime ont peu à peu pris fin

Il sèche alors ces larmes et embrasse sa mère

Il sait que cette étreinte sera la dernière

Il fouille la maison, cherche son sac à dos

Et c'est couvert de sang qu'il s'enfuit à vélo.